Mini-Fastnet 2018

C'était l'objectif de la saison! On a bouclé la Mini-Fastnet 2018 avec Louison Moreau. Une course en double partant de Douarnenez, petit passage par l’Angleterre, contourner le Phare du Fastnet en Irlande puis retour à Douarnenez.  On aura mis 4 jours avec beaucoup d'expériences acquises sur Six Saucisses. 

Suivez le récit avec la carto! http://yb.tl/minifastnet2018

 

 

1. Avant même le départ

 

 

Avant le départ, c'était un peu la guerre, la job-liste est longue, mais nous avons 3 jours pour préparer le bateau. Louison arrive en avance pour donner un coup de main. Composite, électronique, soudure, matelotage, contrôle sécurité, réparation de voiles, carénage... On aura quasiment tout vu. On coche les points un par un, puis c'est le moment de brancher l'aérien. Louison monte au mat, rien de marche. Après 1h en haut, ça y est on capte le vent!!!

Il redescend enfin, on éteint l'électronique, le rallume, c'est le black out. On aura vraiment tout donné, tant pis, on partira sans. Il vaut mieux finir de préparer le reste et bien étudier la météo. 

2. Le départ

 

 

Le départ va être important sur cette course. Il faut pouvoir choisir le bon coté du plan d'eau tout de suite. C'est clair dans nos esprits, on se cale au vent de la flotte jusqu'à la pointe du port de Tréboul, puis on traverse la baie. Louison prend un super départ, à la barre de Six Saucisses. De mon coté, je gère les croisements en tactique, tout se passe comme prévu. On arrive 17ème à la sortie de la baie.

2. Le solent

Pour cette course, Fred Moreau (père de Louison), nous a prêté le solent du 455. Ce solent en a déjà vu de toutes les couleurs. Vainqueur de la Mini-transat 2011, il sera également la voile d'entrainement de Erwan Le Draoulec (vainqueur de la Mini-transat 2017), ainsi que de Fred Moreau, un pilier de la classe Mini. 

 

Ce solent a vraiment beaucoup vécu. Avant le départ, on va pour renforcer les zones trouées mais on abandonne rapidement, il aurait fallut plus d'un rouleau de scotch! Il n'est également pas adapté au bateau puisqu'il touche les barres de flèche. Mais globalement il a une belle forme. On décide de partir avec plutôt que mon solent habituel, encore en plus mauvais état. 

 

Pour l'instant ce solent réalise un bon début de course avec nous. Nous avons comblé une bonne partie de notre problème de vitesse au près. On va plus vite que les pogo 2, mais toujours un peu en retrait sur les pogo 3 et la plus-part des prototypes. 

3. Premier passage à niveau

Au large de Crozon, c'est le premier passage à niveau. Depuis le départ, on a une brise thermique d'ouest entre 5 et 10knts. C'est tout juste un vent opposé à ce qui est prévu: un synoptique d'est. C'est inévitable, on redoutait tous le moment ou le synoptique reprendrait ses droits sur la brise thermique. Une bascule de 180° avec 0knts de vent pendant cette transition. On revient fort sur les gars de devant, mais ceux de derrière reviennent sur nous. La flotte commence à former une ligne. Positionné plus dans l'ouest, nous n'avons pas une position favorable au moment ou le vent revient, nous voila sous le vent de la flotte. Ce n'est pas la position idéale, mais certains ont perdu bien plus que nous. Nous sortons de cette loterie à la 19ème place. 

4. Speed test jusqu'en angleterre

 

 

Le vent, revient de l'est comme prévu. C'est partie pour un long speed test jusqu'en Angleterre. Un bord de 125miles (200km) vent de travers sous genaker. Six Saucisses fait parler la poudre. C'est la première nuit, le coucher de soleil est au top, on a encore un repas frais, la lune nous éclaire, tout est réunis pour avancer. On se relais à la barre mais l'équipier est toujours au rappel pour gagner en puissance et donc en vitesse. Pas question d'aller dormir dans le bateau! Louison se découvre un talent pour s'endormir dans des positions inconfortables! On arrive en Angleterre en 7ème position, incroyable, 12 places de gagnées!!!

5. Second passage à niveau

A midi, deuxième jours de course, Six Saucisses pensait être tranquille. Le 950 est assez loin devant et le 943 assez loin derrière. La prochaine marque de parcours est droit devant sous spi. Quand tout à coup le vent s'essouffle. On ne comprend pas bien ce qu'il se passe. On pensait que le schéma météo que nous avions rencontré la veille à Douarnenez allait se reproduire ici. Malheureusement pour nous ça n'était pas cela. L’anticyclone situé en Angleterre est plus bas que l'on pensait et nous barre la route. Le vent ne reviens pas comme nous le pensions et on tricote à l'envers. Nous voila 13ème dans le peloton de flotte. La marque de parcours en Angleterre est passée, direction l’Irlande.

6. On joue la sécurité

L'anticyclone est au nord, il faut donc s'en écarter. Tout le monde part donc plus à l'ouest que la route directe. La grande question c'est, à quel point on s'écarte du chemin le plus court?

Les plus extrêmes descendent 20° sous la route, les plus sages font route direct trouvant les prévisions météorologiques trop instables. Nous décidons de naviguer 10° sous la route. Sur ce coup-ci nous manquons d'audace, il fallait descendre. Heureusement nous avons une bonne vitesse au portant. On perd une place, nous voila maintenant 14ème à l'approche de l'Irlande, mais les bateaux de devant ont pris de l'avance. 

On retiendra de cette nuit, un coucher de soleil somptueux. Avec une lueur rose éclairant nuages et océan. 

7. Passage du Fastnet

En approche de l’Irlande, le vent monte. C'est partie pour une série d’empannage dans 15-18knts sous grand spi. Une première pour moi et encore plus pour Louison. Tout se passe bien, seulement un empannage raté. Le spi à fait une cocotte (il s'enroule autour de lui même). On affale et on renvoie, seulement du temps de perdu, rien de cassé. 

8. Le retour de l'enfer

Une fois le Fastnet  passé, c'est parti pour 40h de près dans 17 à 25knts. Autant dire que Six Saucisses n'aime pas du tout ces conditions. On prépare tout bien, on matosse le matériel au vent et on ouvre les vans pour remplir les ballastes (volume d'eau que l'on peut remplir pour augmenter la masse du bateau). Je retourne dans le bateau 10min après pour fermer les vans, c'est la catastrophe. Une pièce du ballaste a rompu. 80L d'eau se balade dans le bateau, avec les habits de Louison qui flottent... Le temps de tout sécher nous voila barbouillé, fatigué, et on a froid.

On aura vraiment pas bien géré ce bord de près. Louison aura même pas réussi à avaler un morceau pendant 24h, tandis que j'aurais mangé 3 barres chocolatés. 

On se retrouve 16ème en entré de Douarnenez. 

 

9. Très grosse frayeur

Il est 3h15 du matin, il fait nuit déjà depuis 3 bonnes heures, Louison dort profondément depuis 1h30. J'ai vomi le repas du soir, j'ai froids, je suis épuisé et un peu frustré de se faire doubler... Ce n'est pas le meilleur cocktail pour être performant. Mais cette fois-ci j'ai pris une mauvaise décision, jouant sur notre sécurité...

2 cargos arrivent à 15knts l'un par notre 3/4 arrière, l'autre nous arrive par le travers, nous sommes à 7.5knts en route directe vers l'arriver. 2 Concurrents sont à nos trousses et nous rattrapent. Il va falloir gérer le croisement. J'ai alors 3 choix. 

1. Passer devant

2. Virer pour passer derrière les deux cargos mais cela nous fait faire demi-tour nous faisant perdre au minimum 20 min.

3. Empanner en attendant que le premier passe, et tenter de passer devant le deuxième, au moins 10min de perdu. 

 

Je choisi finalement de passer devant les deux cargos, ca passera à une 100ène de mètres du premier. Je ne sais pas si il a changer son cap pour m'éviter ou s'il prenait sa direction en sortie de DST. Franchement de nuit, avec ma lucidité du moment et face à un cargo de 80m, il y a de quoi trouver sa décision complètement absurde. Le prochain coup je commencerais par réveiller mon équipier, à deux il y a un peu de chance de gagner en lucidité. 

10. L'arrivé

L'arrivé restera un super souvenir. Après 4 jours de course, nous voila en régate avec le 913 et le 814. Malheureusement au près, on est moins rapide, le 913 nous dépasse rapidement, puis nous contrôle jusqu'à l'arrivé. Par contre on se souviendra d'une super bataille avec le 814. Plus agressif en tactique, nous réussissons à le dépasser. On creuse l'écart à chaque virement. Mais on ira un tout petit peu trop loin sur le dernier, les revoilà dans le match. A chaque variation de vent on se double l'un l'autre. Malheureusement pour nous, la dernière bascule de vent leur est favorable, il finisse 35sec devant nous. Pas eu le temps de prendre de photo sur cette section de course!!!

Nous terminons finalement 16/69. De nouveau un bon résultat pour Six Saucisses, avec aucun bateau plus ancien devant!

 

Cette course marque l'entré de Six Saucisses dans la cour des grands. Arriver 7ème en Angletterre au terme d'un Speed Test de 125Miles prouve le potentiel du bateau. Même si ça fait depuis la Pornichet Select que je vous en parle, c'est maintenant les concurrents qui trouvent Six Saucisses rapide au débridé et portant!

 

Cette course était l'objectif sportif de cette première phase du projet. On aura pu accumuler une bonne connaissance du bateau en sensations et données de performances. Maintenant c'est le début de la seconde phase du projet avec la recherche de financement, et les développements technologiques du bateau. Les priorités sont claires, améliorer le bateau au près. Pour cela, il va falloir concevoir un nouveau jeu d'appendice (foils et/ou dérives). Nous devons également travailler sur de nouvelles voiles. 

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